Budget européen Paris plaidera pour la Pac et contre les rabais
La France défendra bec et ongles la Politique agricole commune (Pac) mais aussi une remise à plat des chèques et rabais accordés au Royaume-Uni ou à l'Allemagne, à partir de jeudi à Bruxelles où les 27 engageront de délicates négociations sur le budget européen 2014-2020.
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Première puissance agricole d'Europe, la France est le premier bénéficiaire de la Pac et son leitmotiv sera : « il faut préserver la Pac et ses crédits ». Paris admet que son budget soit ramené de 421 milliards d'euros pendant la période précédente (2007-2013) à 386 milliards, comme le propose la Commission européenne et au nom des efforts de maîtrise budgétaire. Mais il s'agit d'une « ligne rouge », a prévenu le ministre des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve.
Le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, qui a proposé la semaine dernière d'amputer de 25,5 milliards d'euros supplémentaires les aides à la Pac, en a fait les frais. Sa proposition a été rejetée sèchement par la France qui l'a jugée « inacceptable ». Pour autant, Paris n'entend pas opposer la Pac aux « fonds structurels », clef-de-voûte de la solidarité européenne et second poste du budget européen. Bien au contraire. « J'en prends ici l'engagement: la France se battra pour garder les fonds structurels et la Politique agricole commune », a encore souligné le président François Hollande la semaine dernière lors d'une visite à Varsovie.
La France va se battre contre les rabais
En défendant l'un comme l'autre, la France compte ainsi se concilier les pays les plus pauvres parmi les 27. La Commission entend ramener les crédits de la cohésion de 355 milliards lors de la période précédente à 339 milliards. La France juge cependant cette proposition « assez généreuse » et surtout « inéquitable pour la Pac », faisant valoir les progrès enregistrés par les Etats régionaux de l'ex-Allemagne de l'Est ou certaines régions espagnoles. Et même si François Hollande prône une politique européenne de croissance, on juge aussi un peu excessives, à Paris, les propositions de la Commission qui entend faire bondir de 8,5 milliards à une cinquantaine de milliards les crédits affectés à l'interconnexion des réseaux d'énergie et de transport européens. Des « ajustements » sont possibles, estime-t-on.
Sur les rabais, François Hollande a donné le ton dès lundi. Fustigeant les pays qui « viennent chercher leur chèque, leur rabais, leurs ristournes » sur le budget européen « parce que l'idée qu'ils se font de l'Europe, c'est d'obtenir exactement ce qu'ils ont versé. » Le chef de l'Etat s'est gardé de les désigner nommément, pour ne « pas les fâcher », mais les intéressés se seront reconnus, à commencer par le Royaume-Uni. Depuis 1985 et le fameux « I want my money back » (je veux qu'on me rende mon argent) de Margareth Thatcher, il en est le premier bénéficiaire alors que la France en est, et de loin, le premier contributeur. Elle s'apprête donc à demander une « remise à plat » de ces rabais qui bénéficient aussi à l'Allemagne, aux Pays-Bas, à la Suède et à l'Autriche, les jugeant désormais « inéquitables et illisibles ».
Une négociation difficile
A défaut d'obtenir une impossible suppression, elle entend qu'ils soient ramenés à des niveaux « acceptables ». Ces rabais, souligne-t-on à Paris, représentent selon les années un gain de sept à huit milliards d'euros pour leurs bénéficiaires, dont près de la moitié pour le Royaume-Uni, et un surcoût de près de deux milliards d'euros pour la France.
D'une manière générale, Paris s'attend à une négociation particulièrement difficile. « Ce conseil européen est important, il n'est pas exclu qu'il aboutisse », constate prosaïquement une source française. Pour la première fois dans une discussion budgétaire européenne, note-t-elle, 27 chefs d'Etats et de gouvernements se retrouveront autour de la table avec « des contraintes budgétaires plus fortes que jamais », des « situations hétérogènes » et le poids de la crise.
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